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à écouter si quelque poitrine française ne tiennement contre une autre poitrine plus l'Inquisition? Ces hommes si âpres à persécuter devraient au moins comprendre pourquoi, de tout temps, le genre humain a pris des précautions contre l'erreur; ils devraient savoir par leurs propres passions que l'erreur et la tyrannie sont inséparables. Laissons là le passé sur lequel il est aisé de se méprendre, et voyons le présent.

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Qui persécute en Europe? Qui persécute, après cent ans de déclamation en prose et en vers contre la persécution? Est-ce donc qu'il est besoin de le dire? Tout l'univers entend les gémissements de l'Irlande catholique opprimée par l'Église anglicane. Il a vu la Hollande calviniste pousser à bout les catholiques belges, sans que l'intérêt de la conservation ait pu prévaloir un moment contre l'instinct de la tyrannie réformée. Il voit la Prusse protestante, ayant à sa tête un roi que le malheur et la prospérité ont vainement instruit, jeter dans les prisons un archevêque en lui refusant des juges, traiter la conscience de crime d'État, violer pour une question de bénédiction spirituelle la foi promise à la moitié d'un peuple, et révéler par un mélange perpétuel de violence et d'hypocrisie le caractère d'un pouvoir à qui plus rien n'est sacré que ce que la peur déclare tel. Tout l'univers connaît le martyre de l'Église de Pologne, martyre atroce qui dure depuis sept ans et qui paraît ne devoir cesser qu'après l'entière extinction de la nation polonaise et de sa foi. Il a été témoin, à l'autre extrémité de l'Europe, de spectacles non moins barbares, et cette fois ce n'étaient pas les rois qui étaient les bourreaux, mais le libéralisme rationaliste, qui cherchait apparemment dans

les entrailles des moines espagnols et portugais le secret de la liberté de conscience. Et, au milieu de ces scènes sauvages d'oppression, où est-elle en Europe, la liberté de conscience? Un seul peuple l'a vraiment établie, et c'est un peuple catholique. Les Belges victorieux de la Hollande par la grâce de Dieu, maîtres de se donner la constitution qu'il leur plaisait, ont prononcé dans leur charte une vérité qui deviendra plus visible de jour en jour, c'est que l'Église catholique n'a besoin pour être souveraine que de sa libre action sur les intelligences et les volontés, et qu'elle n'a jamais recours au bras séculier que par voie de défense contre les persécuteurs. Voilà la vérité, la vérité qui justifiera l'Église au tribunal de Dieu et du genre humain assemblés un jour en face l'un de l'autre. Oui, rois, peuples, majestés de la terre, l'Église catholique ne réclame de vous ici-bas que le passage, comme disait Bossuet, mais le passage libre. Il ne lui en faut pas davantage pour être plus forte que vous tous, non d'une force dominatrice qui s'adresse à vos affaires temporelles, mais d'une force persuasive qui vous entraîne, âme et corps, l'éternité. Vous le savez bien, et parce que vous ne voulez pas subir cette attraction spirituelle, vous en tarissez la source autant que possible : à la bonne heure, vous en êtes les maîtres; mais, du moins, avouez vos œuvres. Et s'il arrive qu'un peuple entier, devenu catholique, prenne des mesures unanimes contre le retour de votre iniquité, ne l'accusez pas d'être persécuteur, à moins que l'esclave qui enferme son geôlier ne soit persécuteur, et que la victime qui fait reculer l'assassin ne soit un bourreau 1. »

1 LACORDAIRE, OEuvres complètes, t. IX, p. 189 et suiv.

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Enfin il est une raison qui, dans ces intérêts suprêmes de la conscience, domine toutes les autres. L'âme droite du lecteur n'a pas à considérer l'Église dans ses relations avec l'ordre temporel des États, dans ses luttes pour la civilisation, la liberté ou la science : l'Église n'a pour mission directe que d'enseigner la vérité religieuse, de faire connaître, aimer et servir Jésus-Christ, d'offrir à tous les hommes les facilités et les gages du salut éternel. Puis-je assurer le sort de mon âme en entrant dans la foi catholique? Dois-je redouter quelque chose pour mon éternité si je demeure dans le protestantisme? N'y a-t-il pas l'expression d'une vérité absolue dans cette formule consacrée par la tradition des siècles : Hors de l'Église catholique point de salut?... Je n'ai pas à choisir une religion pour mon pays, pour la plus grande commodité des chefs de l'Etat, pour le progrès des sciences ou de la richesse publique. Tout cela, l'expérience le montre, découle comme un fruit naturel de la religion. « Chose admirable, a dit Montesquieu, la religion chrétienne, qui ne semble avoir d'objet que la félicité de l'autre vie, fait encore notre bonheur ici-bas'. «Si Jésus-Christ a dit : « Mon royaume n'est pas de ce monde », il a dit aussi : « Cherchez d'abord le royaume de Dieu et sa justice, et le reste vous sera donné par surcroît. » (S. LUG, XII, 31.) Mais l'essentiel pour moi, la question capitale est de choisir la seule religion par laquelle Dieu veut me sauver. La simple raison me dit qu'il n'y a pas deux religions vraies; une seule est la religion de JésusChrist, et quand l'Esprit-Saint déclare « qu'il n'y a pas de salut dans une autre » (Actes, IV, 12), cela veut dire

'Esprit des lois, XXIV, 3.

que la religion de Jésus-Christ est la seule qui donne le salut. Puis-je dans une affaire de si souveraine importance ne pas m'assurer toutes les chances, toutes les garanties, les probabilités les moins contestées? Tous les hérétiques reconnaissent au moins que l'on peut se sauver dans l'Église catholique : c'est la réponse que des ministres donnèrent à Henri IV, dans une consultation: Eh bien, répondit le Roi avec son grand bon sens, puisque les catholiques nient la possibilité du salut dans le protestantisme et que personne ne la nie dans le catholicisme, je prends le parti le plus sûr.

Le 28 avril 1707, il y eut une décision formelle des docteurs luthériens de Helmstadt en faveur de la religion catholique. Il était question du mariage d'une princesse luthérienne de Brunswick avec l'archiduc d'Autriche. Son père consulta les théologiens du duché de Brunswick, et les docteurs de l'Université de Helmstadt, après avoir examiné l'affaire suivant les principes de leur Église, signèrent la consultation suivante :

« Sur la demande faite si une princesse protestante peut, en conscience, se faire catholique, à cause d'un mariage à contracter avec un prince catholique, on ne peut statuer avant d'avoir décidé deux questions : 1°o Si les catholiques sont dans l'erreur quant au fond ou principe de la foi; 2° si la doctrine catholique est telle que, en faisant profession de cette religion, on n'a point la vraie foi et qu'on ne peut faire son salut.

« On répond à cela : 1o que les catholiques ne sont pas dans l'erreur sur le fond de la doctrine, et qu'on peut se sauver dans cette religion.....

« Nous répondons 2o que l'Église catholique est véritable Église, parce que c'est une assemblée qui écoute la parole de Dieu et qui reçoit les sacrements

institués par Jésus-Christ, de même que les protestants. C'est ce que personne ne peut nier. Autrement, il faudrait dire que tous ceux qui ont été ou sont encore dans l'Église catholique seraient damnés, ce que jamais nous n'avons dit ou écrit. Au contraire, Philippe Mélanchthon, dans son Abrégé de l'Examen, veut montrer que l'Église catholique a toujours été la vraie Église, ce qu'il prouve par la parole de Dieu. La doctrine de leur catéchisme le persuade en ce qu'ils admettent les commandements de Dieu, le Symbole des Apôtres, l'Oraison dominicale, le Baptême, les Évangiles et les Épitres, d'où les fidèles ont appris les principes de la vraie foi. L'Église catholique enseigne, aussi bien que nous, dans les écrits et dans les sermons de ses docteurs, qu'on ne peut être sauvé que par Jésus-Christ, et que Dieu n'a pas donné un autre nom aux hommes par lequel ils puissent être sauvés que le nom de Jésus-Christ; que les hommes ne sont pas seulement justifiés devant Dieu par l'accomplissement de ses commandements, mais aussi par la miséricorde de Dieu et par la passion de Notre-Seigneur Jésus-Christ. Car l'église catholique croit, comme nous, et a toujours enseigné que, depuis la création du monde jusqu'à présent, personne n'a pu être sauvé que par JésusChrist, médiateur entre Dieu et les hommes. Les docteurs catholiques et ceux de la Confession d'Augsbourg enseignent également que les péchés ne peuvent être remis que par les mérites et les souffrances de JésusChrist.

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Ayant examiné toutes ces choses sérieusement, nous déclarons que dans l'Église catholique il y a le véritable principe de foi, et qu'on y peut vivre et mourir chrétiennement; que, par conséquent, la séré

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