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« Le

nant le sacerdoce chrétien représente et continue le Christ apparu. Seuls les prêtres de Jésus-Christ sont donc appelés à continuer la fonction médiatrice dans la Nouvelle Alliance, à offrir le sacrifice de la réconciliation pour les vivants et les morts, et à distribuer aux fidèles les fruits du sacrifice, la grâce du Saint-Esprit. Ils sont les fondés de pouvoir, les ambassadeurs de Jésus-Christ. Saint Paul écrit aux Corinthiens : << tout vient de Dieu, qui nous a réconciliés à lui par le « Christ et nous a confié le ministère de la réconcilia«tion... Nous faisons donc les fonctions d'ambassa<<< deurs pour le Christ, Dieu exhortant par notre « bouche'. » Un ambassadeur n'est quelque chose que par le souverain qu'il représente; mais, une fois investi de sa mission, il agit et parle avec l'autorité même du souverain. Telle est la condition du prêtre catholique.

Or cette mission divine du prêtre est fondée sur les titres les plus authentiques. Nous venons de lire les paroles de saint Paul; elles sont l'écho des paroles mêmes de Jésus-Christ. Après l'institution de l'Eucharistie, Jésus dit aux apôtres : « Faites ceci en mémoire de moi. » (Luc, XXII, 19.) Faites ceci, c'est-à-dire ce qu'il venait de faire lui-même; or, qu'avait-il fait? Il avait changé le pain et le vin en son Corps et son Sang; il avait offert le sacrifice nouveau à Dieu son Père: donc il ordonnait aux apôtres d'offrir le même sacrifice, de la même manière; il leur donnait par conséquent le pouvoir et l'ordre de changer le pain et le vin en son Corps et son Sang. C'était là l'institution du sacerdoce, en même temps que l'institution du sacri

1 II Corinth., v, 18 et 20.

fice perpétuel de la « victime pure offerte en tout lieu ». Le sacrifice, en effet, ne pouvait pas exister sans prêtres. Et comme aucun acte, dit Albert le Grand', ne saurait surpasser en grandeur celui qui consiste à consacrer le corps de Jésus-Christ, aucun ordre n'est aussi élevé que la prêtrise ».

Les apôtres furent ainsi ordonnés par Jésus-Christ lui-même prêtres de la Nouvelle Alliance. A leur tour, ils transmirent le sacerdoce aux évêques et à leurs successeurs, en leur conférant le sacrement de l'Ordre institué par Jésus-Christ pour être jusqu'à la fin des temps le canal de cette grâce spéciale qui donne à des hommes un caractère sacré et le double pouvoir d'offrir le sacrifice de l'autel et de remettre les péchés. De même que le baptême imprime aux âmes le caractère ineffaçable du chrétien, de même le sacrement de l'Ordre imprime dans l'âme du prêtre un caractère qui est comme un sceau spirituel et le rend capable d'exercer les actes du culte divin, d'être médiateur attitré entre Dieu et les hommes.

Et puisque Dieu s'est choisi de tels médiateurs, les chrétiens n'ont pas la liberté de répudier leur ministère, d'écarter le prêtre pour s'adresser directement à Dieu. Ils ont pour communication directe avec Dieu la prière, les élévations de l'âme, les actes de foi, d'espérance, de charité; mais cela ne suffit pas au culte divin il y faut joindre le sacrifice et l'adoration du Verbe incarné; il y faut joindre l'effacement des péchés commis et la réception des sacrements destinés à opėrer la régénération surnaturelle de l'âme. Or, pour tout cela, le ministère du prêtre est indispensable : le

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In lib. IV Sentent., dist. xxiv, art. 30.

Sauveur l'a voulu ainsi. Cette volonté suprême constitue un droit positif, analogue au droit qui ressort des législations humaines. Dans la société civile, la force de la loi tranche tout; quand on a dit : C'est la loi, il n'y a plus de résistance permise à personne agréable ou non, la règle s'impose à tous. Pouvons-nous donc refuser au souverain législateur d'accepter le droit qu'il lui a plu d'établir? La loi divine aura-t-elle moins de force, moins d'universalité que la loi humaine? Non. Quand saint Paul dit (I Corinth., IV, 1): « Que les hommes nous regardent comme ministres du Christ et dispensateurs des mystères de Dieu », il ne réclame pas simplement une pieuse estime; il indique une obligation, un état de choses légal dans lequel doit se mouvoir la vie spirituelle de tous les hommes : le trône du Christ est entouré de ministres sans lesquels les grandes affaires de l'àme ne peuvent pas se régler.

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Jésus, après sa résurrection, apparut tout à coup au milieu des apôtres, enfermés au Cenacle « par peur des Juifs » ; il leur montra ses mains et son côté. « Les disciples se réjouirent donc à la vue du Seigneur. « Et il leur dit de nouveau: Paix à vous! Comme mon père m'a envoyé, ainsi moi je vous envoie. Lorsqu'il « eut dit ces mots, il souffla sur eux et leur dit : Rece« vez le Saint-Esprit. Ceux à qui vous remettrez les péchés, ils leur seront remis; et ceux à qui vous « les retiendrez, ils leur seront retenus. » (SAINT JEAN, XX, 20-33.) Rien ne saurait marquer plus expressément que ces paroles l'autorité et la mission du prêtre. Les apôtres sont envoyés comme Dieu le Père a envoyé son Fils, c'est-à-dire pour la même œuvre et avec la même autorité. L'œuvre essentielle de la mission du Fils, c'est la destruction du péché;

c'est pourquoi il donne ses pleins pouvoirs aux apôtres pour discerner les péchés et les absoudre selon le jugement porté sur la conscience qui doit être révélée par la confession.

C'est ainsi que l'œuvre médiatrice du Fils de Dieu fut continuée par des mandataires visibles et que les fidèles, dans toutes les affaires du salut, sont obligés de s'adresser aux représentants du Médiateur unique. En confiant cette mission à ses prêtres, Jésus-Christ déclare que les fidèles doivent les écouter et les respecter comme s'ils l'entendaient lui-même en leur personne : « Qui vous écoute, m'écoute; qui vous méprise, me méprise; mais qui me méprise, méprise Celui qui m'a envoyé.» (Luc, x, 16.)

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La dignité du chrétien demeure encore assez grande à côté de celle du prêtre. L'apôtre saint Pierre appelle l'ensemble des fidèles « un sacerdoce royal (I PIERRE, II, 9). Mais les commentateurs de ce texte font remarquer que les chrétiens sont prêtres dans le même sens qu'ils sont rois, c'est-à-dire dans un sens impropre ou métaphorique. Les saints Pères emploient dans ce sens des expressions analogues à celles de saint Pierre; mais ils n'en affirment pas moins de la manière la plus nette et la plus claire la fonction sacerdotale particulière transmise seulement à un petit nombre d'élus. Ce rêve de « sacerdoce universel », inventé au seizième siècle, a été condamné par le Concile de Trente; l'anathème est prononcé contre celui qui dit « qu'il n'y a pas de sacerdoce visible et extérieur dans la Nouvelle Alliance, qu'il n'y a pas de pouvoir chargé de consacrer et d'immoler le vrai Corps et le vrai Sang du Seigneur, de remettre et de retenir les péchés; qu'il n'y a qu'un simple ministère chargé

d'annoncer l'Évangile, et que ceux qui ne prêchent pas ne sont absolument pas prêtres » (sess. XXII, can. 1). Si l'on veut maintenant se représenter d'un coup d'œil général le rôle du prêtre dans le monde, il faut lire cette page d'un grand évêque de France:

« De toute éternité Dieu se suffisait à lui-même, éternellement heureux, éternellement glorieux. Il a voulu ajouter à sa gloire essentielle et éternelle une gloire accessoire dans le temps, à sa propre félicité une félicité dilatée et communiquée. Voilà pourquoi il a créé le monde.

« Or, c'est le prêtre qui relie authentiquement toute la création à Dieu. Chaque jour, par l'acte infini qui se nomme le sacrifice de la messe, il acquitte la dette totale et plénière de la créature envers son auteur. Tous les matins, l'univers entier, les êtres animés ou inanimés viennent se ranger sur l'autel eucharistique, rendez-vous universel de la terre et des cieux. Le cœur du prêtre sacrificateur est le foyer vers lequel tout converge, où tous les rayons se rassemblent en un faisceau pour se refléter vers Dieu. Et des mains du prêtre sanctificateur partent ensuite toutes les grâces, tous les dons, toutes les influences qui opèrent le salut de la créature.

« Dans l'ordre de la nature, Dieu pourvoit en quelque sorte à tout par lui-même. Il a établi des lois générales; il a dit aux êtres : « Croissez et multipliez-vous, << et remplissez la terre » (Genèse, 1, 28). Sous la pluie fécondante des nuées, et sous la pluie brillante des rayons du soleil, la terre fleurit comme d'elle-même, les herbes naissent dans les vallées, les grands arbres sur les monts, les lianes tapissent les rochers, et les marguerites émaillent les prairies. Mais les âmes, les

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