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de catholique peut offrir quelque chose de séduisant.

«En ne donnant à ce fait que sa valeur réelle, ne semble-t-il pas prouver que les esprits sont disposés à admettre une religion nouvelle, pourvu qu'elle réunisse les conditions de la catholicité? Le peuple, qui forme la masse de la société, est en général moins intéressé à la conservation de ces doctrines de circonstance, qui n'ont de vie que par l'influence du pouvoir, la puissance de l'habitude et celle de l'intérêt matériel; aussi se montre-t-il, quand il est parfaitement libre, plus disposé que les classes élevées à embrasser la vérité, alors même qu'elle contrarie un peu ses passions 1. »

Oui, ce mot de catholique est toujours séduisant pour les protestants; il sonne comme le nom de la patrie perdue aux oreilles de l'exilé. Mais s'ils veulent retrouver le catholicisme, ils doivent le chercher où il est, dans sa pureté, dans son intégrité. A quoi leur servirait de donner la main à des sectes nouvelles, destinées à les égarer davantage encore avec ellesmêmes? Que n'écoutent-ils plutôt cette parole des évêques suisses dans leur Déclaration, de 1876, sur le nouveau schisme en Suisse :

« Avec l'altération de la vraie foi de l'Église commence aussitôt le combat passionné contre l'Église catholique elle-même. L'indifférence religieuse et l'incrédulité complète sont ordinairement le terme fatal où aboutit un pareil mouvement, une fois qu'on entre dans la voie glissante des innovations et des révoltes religieuses. En effet, comme l'enseigne saint Jean Chrysostome, « une erreur conduit toujours fatalement à de

1 Lettre au roi de Prusse, p. 296.

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<< nouvelles erreurs. Il n'y a plus de limite aux aber<< rations pour celui qui est une fois sorti du port tranquille de la vérité. » (Homil., v.) Il n'y a que l'Église catholique qui demeure toujours égale à elle-même. Au milieu des fluctuations des âges, elle reste invariablement la même dans sa doctrine et dans sa divine constitution. Celui qui, dans son éternelie sagesse, a établi l'univers visible sur le fondement de l'unité et de l'ordre, a prévu aussi les tempêtes qui devaient assaillir son Église. Aussi ne l'a-t-il point édifiée sur le sable mouvant de la mobilité humaine; mais, comme nous le lisons dans l'Évangile, il lui a donné pour fondement inébranlable la pierre ferme, contre laquelle les puissances de l'enfer ne prévaudront jamais.

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L'union des Églises ne peut pas être le résultat de négociations. Ces termes « union des Églises » impliquent même une contradiction, car il n'y a qu'une Église véritable de Jésus-Christ, qui doit embrasser tous les peuples.

Les branches séparées n'ont qu'à revenir à cette Église', en renonçant aux erreurs qui furent la cause

De quelque façon qu'on s'y prenne et quelque puissance qu'on y emploie, toute tentative pour réunir les chrétiens sera toujours vaine, et de plus ridicule ou funeste (ou l'un et l'autre), si elle ne commence par une adresse au Souverain Pontife. On peut lire, à la tête de la Démonstration évangélique de Huet, une lettre de Puffendorf où il dit, après avoir donné à ce livre fameux les éloges qui lui sont dus, que le projet de la réunion des chrétiens donnerait beaucoup plus d'espérance s'il était entrepris par le Saint-Siége que s'il l'était par d'autres hommes quelconques séparés de l'Eglise romaine. Cet aveu, fait par un protestant, et par un homme aussi savant que Puffendorf, est une grande leçon donnée à tout homme qui pourrait et qui voudrait essayer le grand œuvre. (DE MAISTRE, Lettres et opuscules inédits, t. II, p. 397.)

de leur séparation, et, dans ce retour, elles ne conservent pas un caractère particulier d'Églises, elles acceptent simplement la doctrine et l'autorité de JésusChrist dans son unique Église.

S'il y a une communauté religieuse qui soit forte-. ment constituée, en dehors du catholicisme, c'est assurément l'Église gréco-russe de l'Orient le dissentiment se réduit à deux ou trois points graves. Eh bien! au Concile de Florence, les évêques de l'Église grecque ne firent pas autre chose que d'admettre, après des explications de part et d'autre, les points sur lesquels l'Orient s'était séparé de l'Église romaine. Cette dernière ne fit ni ne pouvait faire aucun sacrifice de doctrine ou de principes; elle affirma de nouveau la vérité évangélique, et les Orientaux déclarèrent y adhérer. Le grand schisme grec était donc fini par le simple retour à l'Église romaine, et si la politique et la passion n'étaient venues détruire aussitôt ce magnifique épanouissement de l'unité chrétienne, l'Orient aurait repris son rang d'égalité dans le progrès de la civilisation; nous n'aurions pas à gémir aujourd'hui sur le déplorable état de ces contrées où le peuple, naturellement religieux, ne peut avoir un clergé qui réponde à ses besoins; nous n'aurions probablement pas eu le schisme protestant lui-même, car l'Allemagne eût été la première à ressentir l'influence de cette résurrection grandiose du catholicisme au delà de ses frontières, et le sentiment de l'unité religieuse y eût été trop rajeuni par un tel événement pour être brisé par la révolte de Luther.

C'est un point trop peu remarqué, en effet, que la longue hésitation et, pour ainsi dire, la peur du protestantisme de se constituer en communauté séparée. Doel

linger en faisait encore l'aveu dans ses conférences de 1872 sur l'union des Églises : « L'idée d'une rupture définitive avec l'ancienne Église, dit-il, ne s'était pas présentée à la génération contemporaine de la Réformation... L'idée de deux Églises rivales, en hostilité l'une contre l'autre, révoltait les consciences. Dans toutes les diètes, dans toutes les conférences religieuses du temps, on partait de ce principe que les adhérents de la nouvelle religion et ceux de l'ancienne restaient membres d'une même Église universelle, qu'une entente était possible, et que le culte en commun devait être rétabli. La convention d'Augsbourg, signée en 1555, traçait, il est vrai, entre les deux partis une ligne de démarcation officielle et politique. Mais on se consolait par l'espoir d'un futur concile, et comme on ne pouvait en obtenir la convocation immédiate, les États de l'Empire décidèrent qu'une nouvelle conférence religieuse aurait lieu, et alors, disait-on, la vérité serait mise en pleine lumière. Cette conférence se réunit deux ans plus tard, à Worms, sans aucun résultat. On n'en continua pas moins à regarder la séparation comme provisoire, malgré les décrets du Concile de Trente d'une part, malgré la formule de concorde de l'autre. Certes, si tout espoir devait sembler perdu, c'était alors. Néanmoins, cent ans après la scission, l'idée d'une réunion à venir s'exprimait encore dans les articles du traité de Westphalie, et les limites territoriales qui furent fixées alors ne le furent que jusqu'au moment où, «< par la grâce de Dieu, un arrangement « à l'amiable interviendrait '. "

J'aime à rapprocher le Dællinger d'après et le Dœl

1 La Réunion des Églises, p. 71. (Paris, 1880.)

linger d'avant le concile. Nous venons d'entendre son opinion de 1872, voici celle de 1862; on verra que la force de la vérité historique maintient dans cet esprit l'harmonie que la foi y a laissé interrompre, et, comme la foi est un don de la grâce, nous demanderons à Dieu de la lui rendre ; je cite l'ouvrage l'Église et les Églises :

« L'Église catholique pourrait, sans la moindre difficulté, entrer en négociation, pour un projet de réunion, avec l'Église russe et les Églises grecques séparées. N'étaient la profonde ignorance du clergé et du peuple dans ces Églises, et l'opposition d'intérêts étrangers à la religion, ces négociations promettraient les succès les plus heureux. Des deux côtés, on marche sur le même terrain, on a les mêmes idées touchant l'Église, son autorité, sa perpétuité ininterrompue. Ces idées manquent, au contraire, aux sectes protestantes; il manque par là même un fond commun sans lequel les négociations, les efforts tentés pour s'entendre sont impossibles. Naturellement, il n'est pas question ici des particuliers..........

« La confession d'Augsbourg, n'est pas seulement la profession de foi fondamentale de la réforme; c'est encore la seule qui soit reconnue par la majeure partie des protestants qui croient au Christ. S'ils l'admettaient pleinement et sérieusement, avec une connaissance claire et une juste intelligence de son contenu, la réunion des Églises séparées serait relativement possible. Mais, comme l'a remarqué récemment Henri Léo, << chacun parle de cette confession, et presque per« sonne ne la connaît. Personne ne cherche à l'en<< tendre dans son sens original. On déclare qu'elle est << la pierre fondamentale du protestantisme, on célèbre « de grandes fêtes en son honneur, chaque année l'on

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