《 Sive boum, sive est cui gratior usus equorum. << Atque ideo tauros procul atque in sola relegant « Pascua, post montem oppositum, et trans flumina lata; Aut intus clausos satura ad præsepia servant. << Carpit enim vires paulatim, uritque videndo, << Femina; nec nemorum patitur meminisse nec herbæ. « « Dulcibus illa quidem illecebris, et sæpe superbos Cornibus inter se subigit decernere amantes. «Pascitur in magna silva formosa juvenca: Illi alternantes multa vi prælia miscent « Versaque in obnixos urgentur cornua vasto « Nec mos bellantes una stabulare: sed alter « Victus abit, longeque ignotis exsulat oris, ༢ Multa gemens ignominiam plagasque superbi « Victoris, tum quos amisit inultus amores; Et stabula aspectans regnis excessit avitis. << Ergo omni cura vires exercet, et inter 《 Dura jacet pernox instrato saxa cubili, Frondibus hirsutis et carice pastus acuta; « « Et tentat sese, atque irasci in cornua discit, << Ictibus, et sparsa ad pugnam proludit arena.. Ad terras, immane sonat per saxa, neque ipso « Monte minor procumbit: at ima exæstuat unda <«< Verticibus, nigramque alte subjectat arenam. 《 Omne adeo genus in terris hominumque ferarumque, « Et genus æquoreum, pecudes, pictæque volucres In furias ignemque ruunt : amor omnibus idem. «Tempore non alio catulorum oblita leæna ९९ Sævior erravit campis ; nec funera vulgo Tam multa informes ursi stragemque dedere Per silvas; tum sævus aper, tum pessima tigris: Traduction, par l'auteur. Crains aussi, crains l'amour, dont la douce langueur Des troupeaux, quels qu'ils soient, énerve la vigueur. «Que des fleuves profonds, qu'une haute montagne, « Séparent le taureau de sa belle compagne; << Ou que, loin de ses yeux dans l'étable caché, « « Près d'une ample pâture il demeure attaché : « « 《 Près d'elle il fond d'amour; il erre, triste et sombre, Et néglige les eaux et la verdure et l'ombre. « Souvent même, troublant l'empire des troupeaux, Une Hélène au combat entraîne des rivaux. «Tranquille, elle s'égare en un gras pâturage: «Ses superbes amans s'élancent, pleins de rage; « Tous deux, les yeux baissés et les regards brûlans, « Entrechoquent leurs fronts, se déchirent les flancs ¿ << De leur sang qui jaillit les ruisseaux les inondent; « A leurs mugissemens les vastes cieux répondent. " " Entre eux point de traité: dans de lointains déserts «Va pleurer d'un rival la victoire insolente, « La perte de sa gloire, et surtout d'une amante; " Et, vers ces bords chéris tournant encor les yeux, « Mais l'amour le poursuit jusqu'en ces lieux sauvages. « Là, dormant sur des rocs, nourri d'amers feuillages, << Furieux, il s'exerce à venger ses affronts: De ses dards tortueux il attaque les troncs ;* Son front combat les vents, son pied combat la plaine, Et sous ses bonds fougueux il fait voler l'arène. « Mais c'en est fait; il part, et, bouillant de désirs, ㄍ De l'orgueilleux vainqueur va troubler les plaisirs. « Tel, par un pli léger ridant le sein de l'onde, Un flot de loin blanchit, s'allonge, s'enfle et gronde : Soudain le mont liquide, élevé dans les airs, « Retombe; un noir limon bouillonne sur les mers. " Amour! tout sent tes feux, tout se livre à ta rage; «Tout, et l'homme qui pense, et la brute sauvage, « Et le peuple des eaux, et l'habitant des airs. « Amour! tu fais rugir les monstres des déserts: «Alors, battant ses flancs, la lionne inhumaine Quitte ses lionceaux et rode dans la plaine; Le noir peuple des ours sème au loin le trépas; Alors le tigre affreux ravage la Lybie : Malheur au voyageur errant dans la Nubie! » (Note de l'auteur.) (6) Et s'en retourne enfin, seule et désespérée. Je n'ai pas prétendu m'approprier ce vers de Racine; mais j'ai cru pouvoir l'employer dans un morceau où je conseille au peintre des champs, pour rendre les animaux plus intéressans, de leur prêter nos penchans et nos passions. Tout le monde sait que ce vers a été s par Racine dans la bouche de Clytemnestre, displant sa fille à l'ambition de son époux. (Note de L'auteur,) (7) Quel cœur n'est point ému de ses tendres regrets! LUCRETII, DE RERUM NATURA, lib. II. Nam sæpe ante Deûm vitulus delubra decora Nee teneræ salices, atque herbæ rore vigentes, «Oblectare animum, subitamque avertere curam : «Nec vitulorum aliæ species per pabula læta << Derivare queunt alio, curaque levare: Non jamais dans leur cœur nul trait ne s'en efface. « Lorsqu'un jeune taureau, frappé d'un coup mortel, " « Sous le couteau sacré tombe au pied de l'autel, ९ " Sa mère, non plus mère, errante, désolée, S'égare dans les bois, éperdue, isolée; « La trace de ses pas est marquée en tous lieux. « Partout elle promène un regard soucieux. Où peut être caché l'objet de sa tendresse ? « Toute à ce souvenir, elle revient sans cesse << Des pâtis à son toit, de son toit aux pâtis, « ८ Par ses cris douloureux tour à tour attendris. Plus de goût pour les fleurs, pour la tendre feuillée « Des perles du matin vainement émaillée. 1 Ni les gazons naissans, ni le cristal des eaux, Ni les jeux, les combats d'autres jeunes taureaux, «Rien n'offre qu'un vain charme à sa douleur secretie, Rien ne rend à son cœur le fils qu'elle regrette, « Ce fils si bien gravé dans ce cœur gémissant. ९ (8) O champs de la Limagne! ô fortuné séjour! Sidonius Apollinaris, liv. IV, epist. 21, fait de la Limagne la belle description que l'on a cru devoir V |