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actuelles de réunion.

ce sujet.

tants.

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CHAPITRE V

Réunion des Églises. - Négociations de Spinola, Leibnitz, Molanus et Bossuet. Échec dû à des motifs politiques. Tentatives - Conférences de Doellinger à Munich sur Opposition entre les ministres et les laïques protesCorrespondance d'un ministre de Genève avec Mgr de Bonnechose, archevêque de Rouen. Réunion de M. Loyson, de l'évêque anglican d'Édimbourg et des évêques vieux-catholiques dans la cathédrale de Berne. Réunion des Grecs au Concile de Florence. Obstacles à une réunion de la part du protestantisme. La vraie union. roi de Prusse.

Lettre de Mgr Rendu au

Les autorités ecclésiastiques protestantes ne se prêtent pas aux tentatives de conciliation venues de Rome. L'obstacle insurmontable a toujours été la prétention d'imposer leurs nouveautés : elles veulent dicter les conditions de la paix et, par là, rendent toute paix impossible. Les négociations ne discontinuèrent pas pendant le premier siècle du protestantisme pour mettre fin au schisme. La guerre de Trente ans suspendit tout projet officiel de réunion. Mais les esprits, qui étaient comme liés au sort des tentatives publiques, reprirent leur liberté d'action, et c'est alors que commencèrent les conversions illustres du dix-septième siècle : le prince Jean-Frédéric de Brunswick; le landgrave Ernest de Hesse-Rhinfels et le landgrave Fréderic de Hesse-Darmstadt, arrière-petits-fils du fameux landgrave l'hilippe à qui Luther avait permis la bigamie;

enfin la reine Christine de Suède, qui renonçait au trône de Gustave-Adolphe, pour faire sa profession de foi catholique, le 24 juin 1654, entre les mains d'un ancien luthérien de Hambourg, Luc Holsténius, devenu prélat romain et envoyé au-devant d'elle par le pape Alexandre VII. Ce fut alors aussi que se multiplièrent les écrits de plusieurs savants protestants en faveur du catholicisme, tels que ceux de Grotius, le célèbre et malheureux Hollandais dont le monde des lettres et des sciences célébrait naguère le troisième centenaire. Enfin, le dernier quart du siècle fut tout rempli des négociations de l'évêque Spinola, de Neustadt, avec les diverses cours de l'Allemagne, et des longues correspondances entre Bossuet, Leibnitz, Ferry et Molanus. Plus d'une fois on crut que la réunion allait être faite. Les dissentiments avaient disparu sur la plupart des points essentiels.

L'ecclésiastique le plus considérable du monde protestant, à cette époque, était Molanus, abbé luthérien de Lokum. Il convint avec l'évêque Spinola qu'on prendrait pour point de départ l'Exposition de la foi catholique, de Bossuet, et pour règle de conciliation l'antiquité ecclésiastique et l'autorité visible de l'Église. Leibnitz rédigea son Système de théologie, qui justifie l'Église romaine sur tous les points. Innocent XI, sur l'avis d'une commission de cardinaux, autorisa Spinola à poursuivre cette affaire, attendu que plusieurs protestants avaient refusé de traiter avec lui parce qu'il n'avait que des pleins pouvoirs de l'Empereur et non du Pape. A la fin de l'année 1691, Molanus envoya donc à Bossuet le projet de réunion concerté avec l'évêque de Neustadt. L'écrit est composé de deux parties. Dans la première, Molanus propose les moyens

de parvenir à une réunion, qu'il appelle préliminaire; dans la seconde, il entre dans le fond des matières, et après avoir concilié les plus importantes, il renvoie les autres à un concile général dont il marque les conditions.

Bossuet fit des réflexions sur cet opuscule. « Je ne vois rien dans cet écrit de plus essentiel, dit-il, ni qui facilite plus la réunion, que la conciliation de nos controverses les plus importantes faite par l'illustre et savant auteur. Je commencerai donc par cet endroit-là, et je démontrerai d'abord que, si l'on suit les sentiments de M. Molanus, la réunion sera faite ou presque faite; en sorte qu'il ne lui reste qu'à faire avouer sa doctrine, dans son parti, pour avoir véritablement prouvé que la réunion qu'il propose n'a point de difficulté. » Après avoir fait cette démonstration sur chaque point, Bossuet conclut : « Il est donc certain, par les choses qu'on vient de voir, premièrement que les sentiments du savant auteur ne sont pas des sentiments tout à fait particuliers comme il a voulu les appeler, mais des sentiments fondés, pour la plupart et pour les points les plus essentiels, sur les actes authentiques du parti, et exprimés le plus souvent par leurs propres termes ou par des termes équivalents; secondement, que ces articles étant résolus, il ne peut plus exister de difficultés qui empêchent les luthériens de se réunir à nous1. "

A ces réflexions de Bossuet, Molanus répondit par une Nouvelle Explication, dans laquelle il demandait qu'on mit à l'écart les décrets du Concile de Trente et de tous les conciles que les protestants ne recon

1 BOSSUET, OEuvres, édit. Vivès, t. XVII, p. 548 et 586.

naissaient pas pour œcuméniques. Bossuet avait déjà répondu à cette objection, qui était celle de Leibnitz :

« A l'égard des protestants modérés, à qui nous avons affaire, l'aversion qu'on a dans leur parti contre le Concile de Trente doit être fort diminuée après qu'on a vu, par l'écrit qu'ils nous ont adressé, que la doctrine de ce Concile, bien entendue, est saine et ancienne; en sorte que ce qui reste d'aversion doit être attribué à la chaleur des partis, qui n'est pas encore tout à fait éteinte, et aux préventions où l'on est contre les véritables sentiments de cette sainte assemblée. Il semble donc qu'il est temps plus que jamais d'en revenir, sur ce Concile, à ce que saint Hilaire a dit autrefois sur le Concile de Nicée : « Le mot Consubstan« tiel peut-être mal entendu travaillez à le faire bien « entendre. » Par ce moyen, les protestants, qui regardent le Concile de Trente comme étranger, se le rendront propre en l'entendant bien et en l'approuvant.............

:

« La principale raison que les protestants ont opposée à ce Concile est que le Pape et les évêques de sa communion, qui ont été juges, étaient en même temps partie: et c'est pour remédier à ce prétendu inconvénient qu'ils s'attachent principalement à demander que leurs surintendants soient reconnus juges dans celui qu'on tiendra. Mais si cette raison a lieu, il n'y aura jamais de jugement contre aucune secte héré tique ou schismatique, car il n'est pas possible que ceux qui rompent l'unité soient jugés par d'autres que par ceux qui étaient en place quand ils ont rompu. Le Pape et les évêques catholiques n'ont fait que se tenir dans la foi où les protestants les ont trouvés. Ils ne sont donc point naturellement leurs parties. Ce sont les protestants qui se sont rendus leurs parties contre

eux, en les accusant d'idolâtrie, d'impiété et d'antichristianisme. Ainsi, ils ne pouvaient pas être assis comme juges dans une cause où ils s'étaient rendus accusateurs..... Quoi qu'on fasse, on ne peut jamais faire que les hérétiques soient jugés par d'autres que par les catholiques; et si l'on appelle cela être partie, il n'y aura plus de jugement ecclésiastique. Les anathèmes du Concile de Trente, dont les protestants font tant de plaintes, n'ont rien de plus fort que ce qui est si souvent répété par les mèmes protestants dans leurs livres symboliques. Ils condamnent, ils improuvent comme in pie, etc., telle ou telle doctrine. Tout cela, dis-je, est équivalent aux anathèmes de Trente. Il faut donc faire cesser ces reproches, et, en dépouillant tout esprit de contention et d'aigreur, entrer dans des éclaircissements, qui rendront les décisions du Concile recevables aux protestants euxmêmes 1. >>

Leibnitz déclarait vouloir se soumettre à un concile, mais sans dire lequel, et il demandait « si ceux qui sont prêts à se soumettre à la décision de l'Église, mais ont des raisons de ne pas reconnaître un certain concile pour légitime, sont véritablement hérétiques » . Bossuet répond: « J'appelle opiniâtre en matière de foi celui qui est invinciblement attaché à son sentiment, et le préfère à celui de toute l'Église : j'appelle hérétique celui qui est opiniàtre en cette sorte. » Puis il montre qu'avec une semblable théorie, il ne resterait pas un seul concile debout; tous les hérétiques ont eu des raisons de ne pas reconnaître un certain concile, c'est-à-dire celui qui les condamnait, et chercher des

1 BOSSUET, OEuvres, édit. Vivès, t. XVII, p. 602 et suiv.

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