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basses de la mer, comme sur les côtes, sur les collines et les montagnes sous-marines; qu'elles ne se trouvent point dans les hautes mers: seroit-ce parce que les rayons du soleil ne pénètrent pas jusqu'à ces profondeurs? Quoi qu'il en soit, c'est un fait que cette espèce de végétation s'établit sur les côtes et dans les mers basses, comme la mer Pacifique, la mer Atlantique, à la Guyane, au cap de Bonne - espérance, dans l'Archipel indien, dans la mer de Corée, etc. Ces plantes se trouvent quelquefois en si grande abondance, qu'elles gênent et même arrêtent les vaisseaux dans leur route. La navigation de plusieurs fleuves est impraticable, à cause des forêts de joncs et de bambous qui les obstruent.

L'homme, qui met à contribution toute la nature pour augmenter ses jouissances, a su tirer parti de tous ces végétaux. Dans quelques-uns, qui renferment des parties sucrées, il a trouvé un aliment agréable; d'autres ont été employés à la nourriture des bestiaux: il s'en est servi pour couvrir sa maison, pour former des clôtures, etc. Ceux dont la fibre s'est trouvée forte, souple et élastique, ont été apprêtés et filés en cordages. La méde cine a recherché les propriétés salutaires de ces végétaux, et plusieurs expériences ont réussi. Il en est, comme les algues, qui résistent long-temps à la corruption, et qui, par cette raison, entrent avec avantage dans la composition des digues en brûlant les algues elles donnent un sel abondant, qu'on emploie utilement pour accélérer la fusion du sable vitrifiable. Par la

combustion de toutes ces plantes on obtient un sel, connu dans le commerce sous le nom de soude, qui s'emploie le plus ordinairement au blanchissage des toiles.

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Cette végétation marine favorise la multiplication des poissons, qui y déposent leur frai. Elle nourrit une grande quantité d'insectes, qui deviennent la pâture des jeunes habitans des eaux; ceux-ci, en filtrant dans les détours de ces forêts sous-marines, échappent à la voracité des tyrans des mers. Peut-être même que cette végétation aquatique purifie l'élément liquide, comme la végétation terrestre purifie l'atmosphère. Après avoir rempli ces différentes destinations dans l'économie de la nature; ces végétaux se détachent du sol qui les a vus naître ; ils sont emportés par les vagues, et, inutiles aux habitans des eaux, l'océan, par ses oscillations constantes, les porte sur les côtes, en forme des amas, dont l'homme tire le plus grand avantage, en les employant comme engrais. Par une suite des lois admirables de la nature, ces plantes ne sont pas plus tôt livrées aux influences de l'air et de la chaleur, qu'elles entrent en fermentation; elles se décomposent, et deviennent un terreau, qui, répandu sur les champs, les fertilise, en rendant la végétation plus active et plus vigoureuse. C'est ainsi que la nature fournit à l'homme des moyens de rajeunir son domaine, épuisé par les dons fréquens qu'il en a reçus; c'est ainsi que la fécondité de la terre ne vieillit pas, et qu'elle promet

aux générations suivantes des subsistances toujours

assurées.

Des naturalistes pensent que la plupart des bancs de houille, de tourbe, et même de charbons de terre, ne sont autre chose que des amas de ces végétaux, pourris et entassés. Les substances marines, les coquillages, les empreintes des poissons, etc., qu'on y remarque, paroissent justifier ces conjectures. On voit que le père du genre humain, dans la formation de l'univers, a prévu que les végétaux du continent ne suffiroient pas aux différens besoins des hommes, et qu'il leur a ménagé, pendant des milliers de siècles, ces amas de matières combustibles, propres à entretenir le feu actuel, si nécessaire à la vie et au bonheur de ses enfans.

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(12) Des insectes des mers miraculeux travaux.

C'est de nos jours seulement que les naturalistes ont enfin découvert l'origine de ces substances marines. De très-bons observateurs, comme M. de Marsigli, avoient rangé les matières pierreuses, qui composent l'habitation des polypes de mer, dans le règne végétal, et parmi les plantes sous-marines. Mais, d'après les observations de MM. Peyssonel, Réaumur et Jussieu, on ne peut douter aujourd'hui que les coraux, les corallines, les litophytes, les eschares, les alcyons, les éponges, et toutes les variétés nombreuses des madrépores, ne soient des cellules de diverses espèces de versinsectes qui se multiplient avec une abondance incal

culable; de manière que chacune des cellules loge un insecte, comme chacune des alvéoles de la ruche loge une abeille, et que toute la masse des polypiers divers est, pour les républiques de ces différens insectes, ce que la ruche est pour la république des abeilles; avec cette différence, cependant, que l'alvéole n'est pas absolument nécessaire à l'existence de l'abeille, au lieu que les vers-insectes, générateurs des polypiers, ne peuvent vivre sans leur cellule: elle est aussi nécessaire ́à leur existence que la coquille l'est à la vie de l'huître.

Les formes variées de ces ruches calcaires, les rameaux dont elles se composent, qui souvent, à la manière des plantes, sont postés sur un seul tronc, avoient séduit les naturalistes, qui ont pris les bras du polype pour des étamines, ses œufs pour des graines, et les polypiers pour des plantes. Cependant ces prétendues plantes sont sans racines; elles sont fixées sur des corps durs par une substance glutino-pierreuse, et elles font effervescence avec les acides, comme toutes les matières calcaires. La composition de ces prétendues plantes décèle qu'elles ont pris leur accroissement par juxtaposition, et non pas par intus-susception, comme les végétaux ; et les animaux vivans qu'elles renferment déposent assez énergiquement contre l'erreur des premières observations.

On peut d'ailleurs se rendre raison de la manière dont les différentes branches des polypiers ont pu se former. Que quelques-uns de ces insectes innombrables qui

suent la pierre, de l'espèce qui forme le corail, par exemple, aient établi leur demeure sur le coin d'un rocher ; ils auront d'abord élevé un bloc de corail nécessaire à leur existence, et qui se sera durci à mesure qu'avec le temps ces animaux auront transpiré la matière qui le compose: ils se seront multipliés, et leur demeure sera devenue insuffisante: les générations nouvelles auront été obligées de se construire de nouvelles habitations, et, prenant pour base le premier bloc construit par les fondateurs de la colonie, ils se seront écartés à droite, à gauche, dans tous les sens, selon qu'ils auront été plus ou moins nombreux; ce qui a pu produire ces différens rameaux qui partent du mêm tronc les premiers habitans eux-mêmes auront été obligés de quitter leur première demeure, dont la capacité diminue à chaque instant, en se solidifiant par l'exsudation constante de ces animaux, qui disparoît à la fin totalement, comme on peut s'en convaincre en rompant les parties du polypier naturellement abandonnées.

(13) Ces monstres qui de loin semblent un vaste écueil.

Ces monstrueuses baleines, ces cachalots, qui abondent non-seulement dans les mers du nord, où l'on va à leur pêche, mais encore dans d'autres mers, et dont la majeure partie est encore si peu connue. Parmi ces grandes espèces marines il en est une, réputée fabuleuse à la vérité par plusieurs écrivains, mais dont

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