Imágenes de páginas
PDF
EPUB

l'approche d'un ennemi, ou dans les tempêtes, il replie sa voile, retire ses avirons, et remplit sa coquille d'eau pour s'enfoncer ou se précipiter plus aisément au fond de la mer. Il retourne sa barque sens dessus dessous, lorsqu'il veut s'élever du fond de la mer, et, à la faveur de certaines parties qu'il gonfle ou comprime à volonté, il peut traverser la masse des eaux; mais dès qu'il a atteint la surface, il retourne adroitement son petit vaisseau, dont il vide l'eau, et, épanouissant ses barbes palmées, il vogue et s'abandonne au gré des vents: c'est un navigateur qui est tout à la fois pilote et vaisseau.

(35) L'équivoque habitant de la terre et des ondes.

1

Les phoques, les morses, les lions et ours marins, les lamantains, sont, à proprement parler, les seuls animaux auxquels on puisse donner le nom d'amphibie, dans toute l'acception du terme; ils paroissent les seuls qui puissent vivre également dans l'air et dans l'eau, parce qu'ils sont les seuls dans lesquels le trou de la cloison du cœur reste toujours ouvert; ils sont, par conséquent, les seuls qui puissent se passer de respirer, et vivre également dans l'un et l'autre élément. Dans l'homme et les animaux terrestres, le trou de la cloison du cœur (qui, en laissant au sang le passage ouvert de la veine - cave à l'aorte, permet au fœtus de vivre sans respirer) se ferme au moment de la naissance, et demeure fermé toute la vie : dans les animaux

1

véritablement amphibies, c'est le contraire : le trou de la cloison du cœur reste toujours ouvert; la communication du sang de la veine - cave à l'aorte subsistę toujours, de manière que ces animaux ont l'avantage de respirer quand il leur plaît, et de s'en passer quand il le faut. Ils sont, dans le système de la nature vivante, le passage et la nuance des quadrupèdes aux cétacées; appartenant encore à la terre, et déjà habitans des eaux, ils forment le passage de la vie animale de l'un à l'autre élément.

(36) Les oiseaux rameurs.

Les oiseaux aquatiques et les manchots, ou, comme Forster les a nommés, les aptenodytes, dont on connoît aujourd'hui une dixaine d'espèces. Ces oiseaux, excellens plongeurs, rament effectivement sous l'eau au moyen de leurs ailes très - raccourcies, et garnies de pennes extrêmement petites, roides, et comme écailleuses. Ces ailes sont très improprement appelées nageoires, par ceux qui font plus attention à leur usage qu'à leur structure.

(37) Poissons ailės.

On connoît aujourd'hui plusieurs espèces de poissons volans, c'est-à-dire, qui s'élancent hors de la mer, et se soutiennent et avancent en l'air aussi long-temps que leurs grandes nageoires ne se sont pas desséchées, ou jusqu'à ce que les albatrosses, les frégates et les paille-en-queue les forcent à se réfugier de nouveau

dans l'eau, où ils trouvent de nouveaux ennemis dans les dorades, les bonites, les pelamides et d'autres poissons voraces. Ces poissons sont de huit espèces, connues sous le nom de trigle, dont le pirapède est le poisson volant par excellence.

(38) Des tumeurs d'une feuille ont fait leur domicile.

La nature, qui veille à la reproduction des êtres, a donné à un grand nombre d'insectes l'instinct de déposer leurs œufs dans des substances propres à nourrir leurs enfans aussitôt qu'ils sont éclos. On observe que les mouches connues sous le nom de cynips, sont armées sous le ventre d'un aiguillon, dont le jeu admirable s'exécute par une espèce de ressort caché dans l'intérieur de l'animal; le cynips s'en sert pour percer l'épiderme de la feuille, ou pour pénétrer dans le corps des chenilles, à dessein d'y déposer ses œufs. Ce dépôt fait dans l'entamure de la feuille cause une extravasion des sucs végétaux, ce qui donne naissance à ces fausses petites pommes, ces galles, et autres excroissances de différentes formes, dans lesquelles le ver éclos trouve la nourriture et le logement; roulé en forme de boule dans son appartement étroit, obscur, mais propre, commode, il y est à l'abri des intempéries de l'air et de tous les dangers. Parvenu à son dernier accroissement, il se change en chrysalide, s'ouvre une porte, déploie ses ailes, prend son essor et devient habitant d'un autre élément.

(39) Rubans animés.

Les ténia qui sont si variés dans les différens animaux, et dont l'homme nourrit aussi plus d'une espèce. On en connoît aujourd'hui un grand nombre. Le nom de solitaire est fort impropre, car celui qu'on avoit cru exister seul dans les intestins de l'homme y a aussi été trouvé avec plusieurs autres. Les cucurbitains ne sont que des articulations détachées de ce ver.

(40) Mouche qui bâtit.

Il y a plusieurs espèces de mouches qui bâtissent; rien de plus curieux que leur architecture, et de plus intéressant que les matériaux qu'elles emploient. Les arts pourroient peut-être profiter de l'instinct de ces industrieux animaux: la mouche maçonne construit plusieurs cellules avec des grains de sable, dont elle sait composer un mortier, qui dans peu de temps acquiert la dureté des pierres les plus solides. N'est-ce pas là le fameux mortier des anciens Romains, que nos savans n'ont encore pu imiter. Plusieurs insectes bâtissent avec une substance qui est un vrai papier, ou du carton, etc.

(41) Mouche qui file.

Plusieurs naturalistes ont compris sous la dénomination de mouches les demoiselles dont les larves filent pour tapisser le logement où elles se métamorphosent. La larve du formica leo, dont l'histoire est si curieuse et si intéressante, devient une mouche demoiselle.

(42) Ceux qui d'un fil doré composent leur tombeau.

Ce sont les vers à soie.

(43) Ceux dont l'amour dans l'ombre allume le flambeau.

Il n'est aucun insecte dont les amours soient aussi cachées que celles des mouches à miel: il en est de même des thermès des zones torrides. Au reste il y a plusieurs autres insectes dont l'accouplement se fait ordinairement à couvert; tels sont les carabes, les ténébrions, les blattes.

(44) L'insecte dont un an borne la destinée.

Beaucoup d'insectes vivent depuis le moment où ils sont éclos jusqu'à la même époque de l'année suivante, en passant l'hiver dans l'état de nymphes. D'autres vivent dans l'état de larve pendant quelques années. Il en est qui voient plusieurs générations dans le cours d'un été. Les insectes qui, dans l'espace d'un jour, et même de quelques heures, terminent leur carrière (du moins celle de leur état parfait), sont les éphémères, appelées communément mouches de Saint-Laurent.

(45) Venez avec l'éclat de vos riches habits,

Vos aigrettes, etc......

Dont l'écaille défend la gaze de vos ailes.

La nature semble avoir voulu dédommager les insectes de leur foiblesse, en parant leur robe des plus vives couleurs. Sur leurs ailes et leurs ornemens de tête on voit briller l'azur, l'or, l'argent, le vert, le rouge, le jaune, etc.; les franges, les aigrettes, les houpes sont

« AnteriorContinuar »