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voir autre chofe que les 24 lettres pour apprendre tout ce que l'on veut? La curiofité du Duc redouble; il soupçonne que les démarches de ce genie merveilleux étoi ent plus fuprenantes que fes progrès; ill s'affeoit fur un banc, et lui demande le détail de tout ce qu'il a fait pour devenir habile.

F'appris d'abord a lire, dit Stone, les massons travailloient alors à votre maison: Je m'approchai d'eux un jour, et je vis que l'architecte ufoit d'un regle, d'un compas, et qu'il calculoit. Je demandai ce qu'il faifoit là, et a quoi, tout cela etoit bon; et je compris qu'il y avoit une Science que l'on appelloit Arthimetique ; j'achetai un livre d'arithmetique, et je l'appris.

On m'avoit dit, qu'el y en avoit un autre appellée geometrie: j'achetai des livres, et j'appris la geometrie. Je vis a force de lire, qu'il y avoit de beaux livres fur ces beaux fciences en Latin: J'achetai un Dictionaire, et j'appris le Latin. J'appris auffi qu'il y avoit de beaux livres de même efpece en François : J'achetai un Dictionaire, et j'appris le François. Voila, Monfeigneur, tout ce que j'ai fait, il me semble qu'on peut tout apprendre quand on fçait les vingt quatre letters de l'alphabet.

Ce recit charma Milord Duc. Il tira ce genie merveilleux de l'obscurité ; et il le pourvut d'un emploi qui lui laiffe tout le tempts de s'appliquer aux fciences. I decouvrit en lui le même génie pour la mufique, pour la peinture, pour l'architecture, pour toutes les fciences qui dépendent du calcul et des proportions.

J'ai vu le Sieur STONE, C'eft un homme d'une fimplicité admirable. Il fçait à préfent qu'il fçait : mais il n'en eft pas enflé. Il eft poffedé d'un amour pur et defintereffé pour la geometrie. Il ne fe foucie pas de paffer pour geometrie. Le bel efprit et la vanité, n'ont accune part aux travaux infinis qu'il fubit pour exceller dans fe genre. Il meprise auffi la fortune, et m'a follicité vingt fois de prier Milord de

lui

Aui donner un moindre emploi, qui ne valloit que la moitie de celui qu'il a, afin d'être plus folitaire, et moins diftrait de fes études favorites. It découvre quelquefois, par des méthodes qui lui font propres le mêmes verites que d'autres ont dêja trouvées. Il eft charmé de voir qu'il n'en eft pas l'inventeur, et que les hommes ont fait plus de progrès qu'il ne croioit. Loin d'être plagiairer il attribuë les folutions ingenieuses et admira-` bles, qu'il donne de certains problêmes, aux indices qu'il en trouve dans les autres, quoiqu'elles n'en decoulent que par des confequences fort eloignée, etc.

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