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éviter la monotonie didactique, foit pour rendre fenfible par plufieurs applications ce qui peutêtre ne l'eût pas été par une feule.

En fuivant le même plan & la

même divifion générale que dans tous les Traités faits fur cette matière, je m'en fuis écarté en quelques endroits, dans la vue de rapprocher davantage les objets qui fe tiennent, de lier plus immédiatement les notions, de mieux menager les progrès, & fuivre plus exactement la gradation des connoiffances ; j'ai cherché à préfenter tellement les chofes, que ce qui précéde fuffit toujours pour entendre ce qui fuit, que ce qui fuit n'est jamais nécessaire pour entendre ce qui précede,

& qu'à chaque pas l'efprit peut s'arrêter ou aller plus loin, fans être obligé ni de fauter ni de re→ trograder. Ainsi dans la premiere Partie où il s'agit des idées, dans la feconde où il s'agit du jugement, dans la troisieme où il s'agit du raisonnement, j'examine d'abord la nature de toutes ces opérations pour en déduire les qualités, & paffer ensuite aux différentes efpeces. Ainsi dans la premiere Partie, à l'article des idees & des termes, j'explique la différence qu'il y a entre leur compréhension & leur étendue ; explication d'où dépend tout ce qui eft dit dans la feconde Partie fur l'affirmation & la négation, & par conféquent ce qui eft dit dans

la troifieme fur les loix du raisonnement. Il doit résulter de là une précision & une clarté qui font tout l'avantage & le mérite de pareils Ouvrages; celui-ci eft terminé par une récapitulation abré gée, ou pour mieux dire un tableau général de tous les genres de connoiffances, & des moyens d'en bannir l'erreur; s'il s'en trouve quelqu'une dans ce que j'avance, il y auroit de l'injustice à me la reprocher: j'ai cru ne dire que des chofes communes, j'ai feulement tâché de les dire d'une maniere qui ne l'eft pas.

PRINCIPES

Caron

PRINCIPES

DE CERTITUDE,

OU

ESSAI

SUR LA LOGIQUE.

P

ENSER, jugér, raisonner, c'eft à quoi fe réduifent les opérations de l'efprit, & la Logique n'eft autre chose que l'art de regler ces opérations; elles influent trop fur le bonheur de l'homme, pour qu'il ne cherche pas à éviter les défauts qui peuvent s'y gliffer.

Il femble que la raifon feule fuffife pour le garantir de ces défauts ; l'a mour propre, toujours fatisfait des

A

lumieres de la nature, croit n'avoir befoin d'aucun autre fecours, & la pareffe faifit ce prétexte pour négli ger un affemblage de préceptes, dont la combinaison lui paroît fuperflue & difficile. Cependant, foit que cette lumiere naturelle qui donne tant de confiance, ne foit pas auffi vive & auffi pure par elle-même que l'on fe l'imagine, foit qu'elle ait été altérée par les préjugés, & qu'elle foit fans ceffe affoiblie par les paffions, l'expérience nous ap prend qu'il n'y a que les génies fupérieurs, dont les opérations, lors même qu'ils font dirigés par les précep tes, foient toujours exactes. S'il étoit poffible de douter de la néceffité de ces préceptes, au moins on ne fçauroit difconvenir de leur utilité; combien d'ocafions où ils fervent à lever des difficultés, qui ne caufent fouvent d'autre embarras que celui de faire fentir la fauffeté.

H eft encore certain que ces préceptes font autant de vérités, dont la connoiffance enrichit, perfectionne

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