Effugere haud potis est, ingratis hæret) et angit', Les songes Et quo quisque fere studio devinctus adhæret, Aut quibus in rebus multum sumus ante morati, Atque in ea ratione fuit contenta magis mens; In somnis eadem plerumque videmur obire: Causidici causas agere, et componere leges; Induperatores pugnare, ac prælia obire; Nautæ contractum cum ventis degere bellum ; Nos agere hoc autem, et naturam quærere rerum Semper, et inventam patriis exponere chartis. Cetera sic studia atque artes plerumque videntur In somnis animos hominum frustrata tenere............ Usque adeo magni refert studium atque voluptas, Et quibus in rebus consuerint esse operati Non homines solum, sed vere animalia cuncta. Quippe videbis equos fortes, quum membra jacebunt In somnis, sudare tamen spirareque semper, Et quasi de palma summas contendere vires, Aut quasi carceribus patefactis sæpe quiete. Venantumque canes, in molli sæpe quiete, Jactant crura tamen subito, vocesque repente Mittunt et crebras redducunt naribus auras, Ut vestigia si teneant inventa ferarum : Expergefactique secuntur inania sæpe (1) Var: odit. (2) Var. Voluntas. Voilà comment l'homme se fuit; mais le fait est qu'il ne peut s'éviter; il se retrouve malgré lui, et il souffre, d'autant plus que c'est un malade qui ne saisit pas la cause de son mal. S'il y voyait clair, toute affaire cessante, il s'appliquerait à connaître la nature; car c'est sur l'éternité, non sur une heure, que porte la question, c'est sur l'état que nous réserve à nous mortels tout le temps qui après la mort doit s'écouler à jamais. XLIX (Tom. II, p. 485). Les choses auxquelles notre pensée s'attache même après que nous les avons terminées, les occupations qui nous ont retenus longtemps et qui ont réclamé de nous le plus de contention d'esprit, sont aussi celles qui le plus souvent s'imposent à nous dans le sommeil. L'avocat plaide et explique les lois; le général fait la guerre et affronte les combats; le marin soutient la lutte que les vents engagent contre lui; à moi même chose arrive : j'explore la nature constamment et telle qu'elle est je l'expose dans la langue de nos pères. Chaque penchant, chaque art ne cesse d'occuper chacun de nous dans l'illusion de nos rèves. Tel est le pouvoir qu'exercent et l'attrait et le plaisir et l'habitude d'un travail particulier non seulement sur les hommes, mais sur tous les animaux en général. Voyez le coursier généreux, pendant, qu'il est entièrement plongé dans le sommeil; il est en nage, il souffle de toutes ses narines, on dirait qu'il s'efforce de disputer la palme, que les barrières lui sont ouvertes, et pourtant il repose. Le chien du chasseur bien souvent, au milieu d'un doux assoupissement, agite tout à coup ses membres, pousse des cris, et hume l'air à plusieurs reprises, comme pour garder la piste des bêtes: souvent même, réveillé par son rève, il se met à poursuivre le fantôme du cerf qu'il croit voir en fuite, jusqu'à ce qu'il revienne à lui désabusé. Il n'est pas rare non plus que le jeune chien, de race Cervorum simulacra, fugæ quasi dedita cernant; At consueta domi catulorum blanda propago Lucret., De nat. rer., IV, 959-970; 981-1004 L Éloge d'Épicure. Quis potis est dignum pollenti pectore carmen Pectore parta suo quæsitaque præmia liquit ? Confer enim divina aliorum antiqua reperta : (1) Ces deux vers se rapportent à la théorie des simulacres et des émanations des corps exposée dans tout le développement philosophique dont fait partie cette peinture des songes. caressante, qui vit d'ordinaire au logis, se secoue tout à coup, se relève vivement et se dresse comme si une forme et un visage inconnus étaient devant lui. Plus les éléments des simulacres sont rudes, plus leur action doit se faire sentir dans le sommeil. Les oiseaux aux mille couleurs prennent subitement la fuite et de leurs ailes agitent en pleine nuit les bois divins, lorsque, mollement endormis, ils ont cru voir les vautours leur apporter la guerre, les batailles, et voler à leur poursuite. L (Tom. II, p. 466.) Qui pourrait de son sein puissant faire jaillir un poème digne de la majesté d'un tel sujet et de la grandeur de ces découvertes? Quel est celui dont la grandeur aurait assez de force pour célébrer, selon ses mérites, le sage qui, grâce à ses recherches, aux conquêtes de son intelligence, nous a légué de tels biens? Nul, je pense, de tous les enfants des hommes: car s'il faut parler comme le demande la majesté du sujet, ce fut un dieu, oui, un dieu, illustre Memmius, celui qui le premier trouva cette science de la vie qu'on appelle de nos jours la sagesse, celui dont l'art tira notre vie de flots si orageux et de si épaisses ténèbres pour l'établir en un port si tranquille, au sein d'une lumière. si éclatante. Compare, en effet, les divines inventions attribuées à d'autres dieux dans l'antiquité: Cérès, dit-on, révéla aux hommes les céréales, et Bacchus la boisson du jus de la vigne, choses qui ne sont pas indispensables à l'existence et sans lesquelles à ce qu'on rapporte, vivent plusieurs peuples maintenant encore. Mais on ne pouvait sans un cœur purifié vivre heureux, et c'est à bien plus juste titre que nous parait un dieu celui dont aujourd'hui même les instructions répandues chez les peuples de la terre char Ex quo nunc etiam per magnas didita gentes Herculis antistare autem si facta putabis, Quid Nemeæus enim nobis nunc magnus hiatus Lucret., De nat. rer., V, 1-28; 38-55. LI Tableau du mal physique dans la nature, preuve qu'il n'y a pas là une œuvre des dieux faite en vue de l'homme. Quod si jam rerum ignorem primordia quæ sint, Hoc tamen ex ipsis cæli rationibus ausim (1) Je passe ici neuf autres vers qui forment une série d'interrogations du même genre au sujet de tous les monstres vaincus par Hercule. |