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puis, dans la région inférieure, ils sont protégés par les joues légèrement proéminentes. Le nez est placé de telle façon qu'il ressemble à un mur de séparation entre les deux.

Quant à l'ouïe, elle est toujours ouverte; car même en dormant, nous avons besoin de ce sens, qui, dès qu'il perçoit un bruit, nous éveille. L'ouïe a des conduits tortueux par crainte de ce qui y pénétrerait s'ils étaient simplement droits. Ils ont même été très prudemment pourvus d'une humeur visqueuse où puisse se prendre, comme à la glu, la moindre petite bête s'efforçant d'y entrer. A l'extérieur du reste s'élève la partie que nous appelons oreille, faite pour mettre à couvert, pour protéger l'ouïe, et pour empêcher les sons de se dissiper et de se perdre avant que ce sens en soit frappé. Les oreilles ont l'entrée dure et semblable à la corne, avec une forme très sinueuse, parce que des corps de ce genre, en renvoyant le son, le rendent plus fort; c'est ainsi que dans les lyres on se sert de l'écaille et de la corne pour les faire résonner et que dans les endroits tortueux et renfermés la voix retentit avec plus de force.

CXX

(Tom. III, p. 278.)

Et puis encore, ces deux songes, que les stoïciens citent si souvent, peut-on les dédaigner? Le premier est de Simonide. Ayant trouvé sur son chemin le cadavre d'un inconnu, il l'avait enterré, et comme il était sur le point de s'embarquer, celui à qui il avait donné la sépulture lui apparut en songe, l'avertissant de n'en rien faire, parce que, s'il s'embarquait, il périrait dans un naufrage. Simonide revint donc chez lui, et, en effet, tous ceux qui partirent

Évapyès évúπvov (Crit., 2), un songe dont l'évidence frappe les yeux; les autres traduisent un songe célèbre dans l'antiquité.

somnium. Quum duo quidam Arcades familiares iter una facerent, et Megaram venissent, alterum ad cauponem devertisse; ad hospitem, alterum. Qui ut coenati quiescerent, concubia nocte visum esse in somnis ei, qui erat in hospitio, illum alterum orare, ut subveniret, quod sibi a caupone interitus pararetur; eum primo perterritum somnio surrexisse; dein quum se collegisset, idque visum pro nihilo habendum esse duxisset, recubuisse; tum ei dormienti eumdem illum visum esse rogare, ut, quoniam sibi vivo non subvenisset, mortem suam ne inultam esse pateretur; se interfectum in plaustrum a caupone esse conjectum, et supra stercus injectum; petere, ut mane ad portam adesset, priusquam plaustrum ex oppido exiret. Hoc vero somnio eum commotum, mane bubulco præsto ad portam fuisse; quæsisse ex eo, quid esset in plaustro ; illum perterritum fugisse; mortuum erutum esse; cauponem, re patefacta, pœnas dedisse. Quid hoc somnio dici divinius potest?

Cic., De divinat., I, 27.

CXXI

Cicéron, répondant à son frère, lui montre que les conjectures des interprètes de songes ne prouvent qu'une chose, la subtilité de leur esprit.

Quid? ipsorum interpretum conjecturæ, nonne magis ingenia declarant eorum, quam vim consensumque naturæ ? Cursor, ad Olympia proficisci cogitans, visus est in somnis curru quadrigarum vehi. Mane ad conjectorem. At ille, << Vinces, inquit; id enim celeritas significat, et vis equo rum. >> Post idem ad Antiphontem. Is autem, « Vincare, inquit, necesse est; an non intelligis, quatuor ante te cucurrisse? » Ecce alius cursor (atque horum somniorum et talium plenus est Chrysippi liber, plenus Antipatri; sed ad cursorem redeo) ad interpretem detulit, aquilam se in

périrent. Voici le second tel qu'on le rapporte : il est d'une vérité frappante. Deux Arcadiens, lies d'amitié, et faisant route ensemble, étaient venus à Mégare: l'un alla loger dans une hôtellerie, l'autre chez un ami. Après le souper, quand, la nuit venue, on se fut couché, celui qui se trouvait chez son ami, rêva que l'autre le priait de venir à son secours parce que l'hôtelier se disposait à le tuer; effrayé tout d'abord d'un tel rêve, il se leva; puis, après réflexion, jugeant qu'il n'y avait pas à en tenir compte, il se recoucha; mais alors, pendant son sommeil, il vit de nouveau son compagnon qui le priait, puisqu'il n'était pas venu lui sauver la vie, de ne pas laisser du moins sa mort impunie. Il lui disait, que l'hôtelier venait de jeter son cadavre dans un chariot en le couvrant de fumier, et il lui demandait de se rendre dès le matin à la porte de la ville, avant que le chariot en sortit. Fort ému de ce songe, le voyageur se rendit de bonne heure à la porte, et à l'arrivée du charretier lui demanda ce que sa voiture renfermait; celui-ci effrayé prit la fuite, et, le cadavre ayant été retiré, l'hôtelier, dont le crime était patent, fut puni. Peuton trouver un plus manifeste avertissement des dieux que ce songe?

CXXI

(Tom. III, p. 278.)

Eh quoi! Les conjectures des interprètes ne marquentelles pas plutôt leur subtilité d'esprit que l'action et l'accord de la nature? Un coureur, qui projetait de prendre part à la course des jeux olympiques, rêve qu'il est porté sur un char à quatre chevaux. Le matin, il va chez un interprète.« Vous serez vainqueur, lui répond celui-ci ; voilà ce que signifie la rapidité et la force des chevaux. >> Il va ensuite chez Antiphon, qui lui dit : « Très certainement vous serez vaincu; ne comprenez-vous pas qu'il y en avait quatre avant vous. » Un autre coureur (le livre

somnis visum esse factum. At ille, « Vicisti :ista enim avi volat nulla vehementius. » Huic quidem Antipho, « Baro, inquit, te victum esse non vides? ista enim avis insectans alias aves et agitans, semper ipsa postrema est'»... Quæ est ista ars conjectoris, eludentis ingenio? An ca, quæ dixi, et innumerabilia, quæ collecta habent stoici, quidquam significant, nisi acumen hominum, ex similitudine aliqua conjecturam modo huc, modo illuc ducentium? Medici signa quædam habent ex venis, et ex spiritu ægroti, multisque ex aliis futura præsentiunt. Gubernatores quum exsultantes loligines viderint, aut delphinos se in portum conjicientes, tempestatem significari putant. Hæc ratione explicari, et ad naturam facile revocari possunt; ea vero, quæ paullo ante dixi, nullo modo.

Cic., De divinat., II, 70.

CXXII

Plus que personne le vieillard doit sans regret accepter la mort.

Quod cuique temporis ad vivendum datur, eo debet esse contentus. Neque enim histrioni, ut placeat, peragenda est fabula, modo, in quocumque fuerit actu, probetur; neque sapienti usque ad « Plaudite» vivendum. Breve enim tempus ætatis satis est longum ad bene honesteque vivendum. Sin processeris longius, non magis dolendum est, quam agricolæ dolent, præterita verni temporis suavitate, æstatem, autumnumque venisse. Ver enim tanquam adolescentiam significat, ostenditque fructus futuros: reliqua tempora demetendis fructibus et percipiendis accommodata

(1) A la suite de ce second exemple, Cicéron en donne encore un troisième.

de Chrysippe et celui d'Antipater sont pleins de ces sortes de songes), un autre coureur, dis-je, va raconter à un interprète que dans son sommeil il s'est vu transformé en aigle. « Vous avez la victoire, lui affirme l'interprète, car aucun oiseau ne vole plus rapidement que l'aigle. » Mais Antiphon lui dit : « Sot que vous êtes, ne voyez-vous pas que vous êtes vaincu? Car cet oiseau, en poursuivant et en chassant les autres, est toujours derrière eux. »... Quel est donc cet art conjectural qui repose sur des jeux d'esprit? Tous ces exemples que je viens de citer et mille autres que les stoïciens ont accumulés, montrent-ils autre chose que la subtilité de gens qui, d'après telle ou telle ressemblance, émettent telle ou telle conjecture? Les Lédecins tirent certains avertissements du pouls et de la respiration des malades et trouvent en beaucoup d'autres signes le moyen de pressentir ce qui doit arriver. Les pilotes, en voyant les calmars bondir en dehors de l'eau ou les dauphins se précipiter vers le port, pronostiquent la tempête. Ces remarques s'expliquent logiquement et peuvent facilement être rattachées aux lois de la nature; mais, dans les exemples dont il vient d'être question, rien de semblable.

CXXII
(Tom. III, p. 287.)

Chacun doit se contenter du temps qu'il lui est donné de vivre. Pour qu'un acteur plaise, il n'est pas nécessaire qu'il aille jusqu'à l'achèvement de la pièce, il suffit que son jeu soit bon; le sage non plus n'a pas besoin de vivre jusqu'à la dernière limite du drame; si brève que soit sa vie, il vit toujours assez longtemps pour bien vivre. Si cependant la vôtre se prolonge, ne vous en plaignez pas plus que ne se plaint le laboureur quand il voit à la douceur du printemps succéder l'été et l'automne. Le printemps, en effet, représente la jeunesse et promet les fruits que les autres saisons sont appelées à recueillir et à goûter. Ceux que goûte la vieillesse (comme je l'ai dit souvent) sont le

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